Sorties fin septembre 2020, les BMW M3 et M4 ont largement fait parler d’elles, non pas pour leurs qualités dynamiques ou encore les 510 chevaux sous le capot. Non le sujet, qui agite encore la toile, c’est ce nouveau nez avec ses grands naseaux.
Toutefois, avant de se lancer sur le fameux nez qui crée la discorde dans le monde automobile, petit rappel des véhicules incriminés dans cette affaire :
Les nouvelles M3 et M4, en plus de partager la même face avant, se partagent aussi un 6 en ligne bi-turbo de 510ch et 650 Nm. En revanche, ce sera en version Compétition chez nous uniquement. Pour d’autres versions, il faudra recourir à l’import. Et cela vaut aussi pour la boîte manuelle.
Berline et coupé restent des propulsions mais, à l’instar de la grande sœur (la BMW M5), une version M xDrive sera proposée en option. Ou comment profiter des 510 chevaux en tout temps :
- en mode 4 roues motrices pour le quotidien,
- en 4WD sport pour attaquer un peu,
- ou juste en propulsion pour les plus joueurs.
Voilà, les présentations sont faites, revenons-en aux nez de nos moutons bavarois.
Le nouveau nez de la BMW M3 et de la M4
Le nouveau nez de BMW provoque des remous depuis les premières images du concept de la Serie4 en 2019. Trop gros, trop long, pas harmonieux avec le reste de la voiture, etc.
Autant d’arguments pour dénigrer la calandre d’une voiture que peu ont pu voir de leurs propres yeux. C’est le propre des réseaux sociaux, chacun y est libre de donner son avis (bon ou mauvais, mais c’est un autre sujet) et son ressenti. Or, en tant que passionnés automobiles, vous savez comme moi combien les photos peuvent être trompeuses. C’est, d’ailleurs, un sujet qui anime toujours autant les photographes que les philosophes : une photo représente-t-elle la réalité ? Vous pourrez méditer là-dessus lors de votre prochaine insomnie si vous voulez.
Une calandre qui ne fait pas l’unanimité
Néanmoins, cette calandre ne semble pas faire l’unanimité dans la communauté BMW actuellement. Au point de créer le besoin chez les carrossiers et tuneurs, plus ou moins célèbres, des versions des M3 et M4 avec des naseaux plus classiques et proches de ceux visibles sur une Serie3 plus conventionnelle.
Trop de différence entre la calandre de la Serie3 et celle de la M3 ?
Et là, on met le doigt sur quelque chose d’intéressant par rapport au design en général. En tant qu’ancien graphiste je peux me permettre de dire que c’est une erreur de BMW de proposer des calandres totalement différentes entre le modèle de base et sa déclinaison sportive. En matière de design, en général et surtout par expérience, mieux vaut accompagner le client vers un nombre de choix très limités que de lui laisser trop de possibilités. Sauf qu’ici, BMW nous présente une Serie3 au style très classique. Et ce, alors qu’elle devrait plutôt être une version assagie et moins musclée de la M3.
Difficile pour les clients comme les fans de s’habituer rapidement à ce nouveau nez. Surtout quand on leur met sous les yeux ce à quoi pourrait ressembler la M3 avec une calandre plus classique. C’est d’ailleurs ce qu’à fait le constructeur allemand avec son coupé M4. Sa calandre est plus proche dans ses proportions de celle de la Serie4, sans être totalement identique non plus. A croire que les équipes marketing ont été frileuses pour la Serie3, qui reste l’un des modèles phares chez BMW. En présentant cette calandre uniquement sur les versions M, c’est moins risqué. Les clients recherchent une BMW M pour sa sportivité avant tout.
Remember l’ère Chris Bangle
Cette nouvelle face avant et sa calandre, qui crée tant de discussions, ne fait pourtant que puiser dans la longue histoire des calandres BMW. Histoire qui débute en 1933, si j’en crois la page web de BMW sur le sujet, avec la BMW 303. On s’aperçoit ainsi que les « haricots BMW » tels qu’on les connaît actuellement (hors Serie4 et nos deux M3 et M4 donc) sont assez récents au final. Et ils continuent d’évoluer. D’une forme toute en hauteur, ils sont peu à peu passé vers une forme plus carrée (sur les E36) avant d’être étirés sur la largeur au tournant des années 2000. Et à l’approche du centenaire de la plus mythique des doubles calandres, quoi de plus logique pour le constructeur bavarois de se faire plaisir en remettant sur le tapis une version étirée en hauteur.
On préfère ce que l’on connait déjà
Mais ce n’est pas la première fois qu’une marque fait du bruit, auprès de sa communauté et de ses clients, suite à un changement stylistique majeur. Qu’il s’agisse de constructeurs généralistes tels que Renault ou Citroën, ou comme ici de premium avec BMW. Les gens préfèrent, par nature, ce qu’ils connaissent déjà. Mais je vous laisse libre d’aller chercher le pourquoi du comment auprès d’excellents vulgarisateurs tels que Dirty Biology ou e-Penser.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que cela arrive chez BMW. En effet, Chris Bangle aussi avait été décrié pour la rupture stylistique qu’il introduisait en Bavière. Les puristes de la marque ont crié au scandale tant qu’ils ont pu à l’époque. Ces mêmes puristes qui crient aussi au scandale aujourd’hui, sur Facebook, que ce nouveau nez est moche au possible et qu’ils préféraient les BMW d’avant. BMW d’avant parmi lesquels on trouve donc celles de l’ère Bangle (excepté la Serie7 E65, faut pas abuser non plus). La boucle est bouclée. Rendez-vous dans une ou deux décennies pour voir ces mêmes puristes être outrés de voir leur constructeur favori évoluer.
Pour terminer à propos de ces nouvelles calandres, voici que rapportait le patron du design BMW, Domagoj Dukec, auprès de Caradisiac :
« Ceux qui aiment BMW s’y habitueront. Ceux qui s’en plaignent ne sont souvent pas des clients ; ce sont plutôt des fans »