Partager la publication "Routes a 80 km/h : l’impossible retour aux 90 km/h"
En ce début d’année 2020, le retour aux 90km/h est techniquement possible. La loi LOM l’autorise sous certaines conditions. Sauf que… les conditions sont quelque peu dissuasives.
On ne va pas y aller par quatre chemins, la règle des 80 km/h nous emmerde tous en tant que citoyens et conducteurs. Et quelques sénateurs aussi, qui ont réussi à se faire entendre pour un retour probable aux 90 km/h comme auparavant. Enfin… presque.
Un retour à 90 km/h rendu très difficile
Comme je le disais en introduction, la loi LOM (Loi Orientation Mobilités) permet en théorie de retrouver l’ancienne limitation à 90. Mais dans les faits, il me semble totalement improbable que des élus locaux (présidents de conseil départemental, maires ou encore présidents d’intercommunalité) poussent vers ce retour à 90 km/h.
Pour quelles raisons ?
Tout d’abord, cette dérogation à la vitesse maximum ne s’appliquerait qu’aux seules départementales. Ensuite, viennent s’appliquer de nombreux impératifs qui vont rendre la dérogation, et le passage à 90 km/h, quasi-impossible.
En effet, il faudrait que le tronçon visé fasse plus de 10 km de long et qu’il subisse des aménagements qui vont vite refroidir les élus locaux. Mais avant même de parler d’aménagement, un audit sera nécessaire pour connaître l’accidentologie des lieux.
Pour faire simple, on prend une route de plus de 10 kilomètres, sur laquelle on installe une interdiction de dépasser matérialisée par deux bandes blanches et alerte sonore. Les accotements doivent faire une largeur de 1,50 m minimum, l’équivalent d’une bande d’arrêt d’urgence en somme. Et attention, il ne doit pas y avoir d’obstacles non protégés à moins de 4 mètres de la route. Les intersections doivent être modifiées pour interdire une traversée (pour ne pas tourner à gauche). Et si vos élus sont prêts à mettre la main au portefeuille, sachez que le tronçon candidat aux 90 km/h ne doit pas être emprunté par des engins agricoles. Sans compter sur d’éventuelles mises en cause des élus ayant mis en place le retour à 90 km/h en cas d’accident.
Des conditions qui rendent difficile un retour aux 90 km/h, parce que le coût financier à supporter est lourd. Et le coût en terme d’image aussi pour certains élus, on s’en doute bien. Néanmoins, quelques départements souhaitent tout de même rétablir la limitation de 90 km/h. Les premiers de l’année à passer le cap, c’est la Haute-Marne ainsi que la Seine-et-Marne.
La Haute-Marne et la Seine-et-Marne, scrutées par tous
La Haute-Marne et la Seine-et-Marne sont donc les deux premiers départements à dégainer le retour à 90 km/h. On imagine donc que les autres départements s’étant prononcés pour un retour à 90 km/h vont scruter attentivement ce qu’il se passe dans ces deux départements au cours des prochains mois. Que ce soit d’un point de vue financier ou même du rapport de force avec le gouvernement et le CNSR (Conseil National de Sécurité Routière).
Bref, je ne me fais pas trop d’illusions sur ce retour à 90 km/h. Nous n’y retournerons que ponctuellement, et sur des tronçons de route qui le permettaient déjà lors du passage à 80 km/h. Autant dire que rien ne changera vraiment, et qu’on va continuer à se traîner à 80 km/h.