Voilà un peu plus d’un an que l’on roule, officiellement, à 80km/h. Comme je l’avais fait au bout d’un mois, je reviens sur cette année à 80 km/h sur nos routes pour faire un bilan.
Le gouvernement actuel, en l’occurrence le Premier ministre, a tenu tête sur son engagement de passer la vitesse à 80 km/h. L’objectif de cette mesure : faire baisser le nombre de morts sur les routes. Un engagement qui pourrait sembler louable au premier abord.
C’est donc au premier juillet que la limite de vitesse sur les routes nationales, sans séparateur, est passée à 80 km/h.
Mon ressenti à 80 km/h sur la route, après une année
Cela fait donc un peu plus d’un an que la limite de vitesse est descendue à 80 km/h et une chose est sûre… Le “joyeux bordel” que je décrivait en août 2018 n’a fait que perdurer. Et pas seulement dans le Gers, puisque depuis, j’ai parcouru pas mal de kilomètres dans le pays, dont 14 000 kilomètres avec ma Civic 1.8 Fk2 (remplaçant feu ma Mazda6 2.3).
En effet, nombreuses sont les personnes à vouloir éviter la prune, et je les comprends, qui ont tendance à rouler à 75 km/h grand maximum. Voire 70 km/h. On ajoute dans l’équation les poids lourds qui roulent à 80 km/h, les gens qui veulent rouler à 90 à tout prix (même en doublant parfois !). Ceux qui veulent rouler toujours plus vite, ceux qui dépassent sans visibilité suffisante, etc.
Au final, de ce point de vue, rien n’a changé. Les oublis de clignotants sont toujours présents, le téléphone et l’alcool au volant tout autant. Mais bon, il fallait taper sur la vitesse en priorité… Une mesure qui plaisait à tous : les caisses de l’état, la sécurité routière et Chantal.
Le bilan des 80 km/h côté sécurité routière
D’ailleurs, comme mon ressenti ci-dessus (et le vôtre peut-être) reste purement subjectif, je suis allé regarder le bilan 2018 du côté de l’ONISR (Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière).
Je vais vous poser quelques chiffres, pas très drôles à lire, issus du rapport de l’ONISR : 3488 morts sur les routes en 2018 (196 de moins qu’en 2017 donc). Le rapport nous apprend que 240 personnes ont perdu la vie directement sur la route, le reste dans les 30 jours suivant l’accident. Une majorité était en voiture (1637 morts) et à moto (627 morts). Et ensuite : à pieds (471 morts), à vélo (175 morts), en scooter/50cm3 (133 morts) ou en poids lourd (44 morts).
De manière globale, c’est mieux que les années passées, mais on va continuer à s’enfoncer dans le rapport pour essayer de voir l’impact de la mesure des 80 km/h.
Le rapport mentionne les causes types des accidents mortels dont la vitesse, inévitablement. Néanmoins ce qui à retenu mon attention, c’est que l’alcool et les stupéfiants étaient des causes d’accidents tout aussi importantes, si ce n’est plus que la vitesse. Les décès avec un conducteur sous l’emprise de stupéfiants ou d’alcool représente 43,5%.
Ce qui est une part énorme des accidents mortels. J’enfonce une porte ouverte, mais ne prenez pas le volant après avoir bu ou fumé. Vous avez le droit d’aimer le vin, la bière ou ce que vous voulez. Je ne suis pas le dernier quand il s’agit de boire un bon vin avec l’assiette de fromage ! Bref, passez juste vos clés à quelqu’un qui n’a pas bu si vous devez rentrer après plusieurs verres.
Pour en revenir aux 80 km/h, le rapport note une baisse sensible du nombre de morts sur la moitié de l’année 2018. Cela reste peu, et certains mois grimpent en flèche par rapport à 2017. Par exemple, le mois de septembre 2018 aura été plus meurtrier que celui de la moyenne 2013-2017. Pour la petite info, 2013 est l’une des pires années pour la sécurité routière. De quoi biaiser la moyenne ?
Pourtant, cela n’empêche pas le rapport d’enfoncer le clou sur les 80 km/h à l’aide de ce graphique (ci-dessous) accompagné de la phrase suivante :
“Après une stagnation voire une légère augmentation du nombre de personnes tuées sur le réseau considéré entre 2014 et 2017, l’année 2018 marque une baisse non-discutable, qui prend principalement son origine au second semestre 2018, après la mise en œuvre de la mesure. “
Alors oui, il y a effectivement une baisse, c’est vrai. Mais les écarts ne sont pas fous non plus. Et avec le peu de recul que nous avons actuellement, un an, il me paraît tout de même assez difficile de pouvoir affirmer que la baisse enregistrée est totalement due aux 80 km/h.
Retourner à 90 km/h localement ?
Les élus locaux sentant bien la grogne monter, notamment avec les gilets jaunes, ont tenté d’alerter le gouvernement pour obtenir un éventuel retour à 90 km/h. Ce dernier a fini par céder en proposant aux départements de choisir eux-mêmes, via un amendement, d’un éventuel retour aux 90 km/h. Mais… Les départements n’ont pas le pouvoir de changer les limitations sur les nationales. Grosso modo, les départements peuvent restaurer les 90 km/h sur les départementales et autres petites routes. Risquant alors d’amplifier le joyeux bordel dont je parlais plus haut avec une variation folle de la limite de vitesse. Et tout ça, sans même parler des responsabilités au premier accident venu. De fait, la plupart des départements ayant annoncé un possible retour aux 90 km/h en Juin dernier n’ont pas tellement avancé sur le sujet.
Et nous non plus d’ailleurs… On va encore continuer à se traîner à 80 km/h.